Catégorie : Jeunes créateurs, Mode le 8 juillet 2008
Branding Styles vous entraîne à la rencontre d’une jeune créatrice de mode, prénommée Marlène, installée depuis quelques mois seulement en plein coeur du quartier historique de la ville de Clermont-Ferrand. Son magasin Maj3 Création est nichée dans une rue étroite à proximité de l’Hôtel de Ville, au 7 rue Boirot plus exactement. Après un accueil chaleureux et dynamique, l’entretien commence …
Branding Styles : Qui se cache derrière Maj3 Création ?
Maj 3 : Je me prénomme Marlène, j’ai 23 ans et je me suis toujours sentie comme une créatrice dans l’âme. J’ai commencé la couture à l’âge de sept ans et cette passion ne m’a jamais quittée. J’ai suivi une formation classique jusqu’à l’obtention de mon bac littéraire. J’ai ensuite décroché un emploi dans le prêt-à-porter enfant que j’ai laissé pour fonder ma propre entreprise. J’ai commencé dans un premier temps par exposer mes créations sur internet grâce à Myspace (www.myspace.com/maj3creation) et les nombreux encouragements que j’ai reçu m’ont poussé à ouvrir une boutique sur Clermont-Ferrand où j’ai senti un créneau à prendre. La boutique a ouvert le 1er mars 2008 avec une annonce sur le myspace pour seule publicité. je suis seule pour gérer la boutique : mes activités vont de la création, à la décoration en passant par la comptabilité.
BS : Peux-tu nous expliquer le nom de ta boutique et de ta marque ?
M : Le nom « Maj 3 Création » est né d’une mélange d’éléments importants dans ma vie. « Maj » est une réunion de la première lettre du prénom de mes soeurs et moi. La puissance 3 qui y est accolée symbolise les trois soeurs unies que nous sommes ! En ce qui concerne le logo, l’étoile jaune sur fond rouge est une référence directe au drapeau du Viêtnam dont ma famille est originaire.
BS : Quel est le concept que tu as souhaité développer avec Maj3 Création ?
M : J’avais envie de faire de ma boutique un endroit convivial en marge du prêt-à-porter tel qu’il se conçoit dans les magasins classiques. D’autant plus que ma démarche de création est basée sur la récup’ et la stylisation d’objets ayant déjà servi. Je trouve cela très intéressant de pouvoir détourner les objets de leur fonction première et ceci s’applique aussi aux matières et tissus. Tout ce que je vends sont des créations uniques à des prix très abordables (compter environ 15 euros pour un top) parce que je crois que la fantaisie doit être accessible à tous. Les vêtements que je créé ne correspondent pas non plus à un système de taille classique. Je préfère que les gens essayent et je retouche ensuite si besoin est, plutôt que de rentrer dans une standardisation stricte du corps humain… J’ai conçu ma boutique comme un espace ouvert où les gens sont vraiment libres de toucher et de s’amuser avec les articles. Pour cela, il m’arrive d’avoir des commandes sur-mesure où les clientes m’amènent un croquis ou une matière à travailler pour combler leurs souhaits.
BS : Quelles sont tes sources d’inspiration lorsque tu créées ?
M : Je crois que mes sources d’inspiration sont de trois ordres : musicales, picturales et la haute-couture.
En ce qui concerne la musique, c’est une composante essentielle de mon univers de création, j’en écoute énormément quand je travaille, particulièrement celle des années 80 qui n’hésite pas à verser dans la surabondance comme Prince ou David Bowie… J’apprécie aussi le look qui va avec, le mélange entre le XVIIIe et le moderne. J’adore faire se confronter l’univers du XVIIIe avec la modernité dans une touche un peu plus agressive, j’aime créer des anachronismes.
La photo et la peinture sont également de profonds réservoirs d’idées pour moi. Je visualise très souvent des oeuvres de Dali lorsque je créé, il illustre parfaitement mon attirance vers le détournement d’objets. J’aime également me plonger dans l’univers photographique des publicités de luxe comme celles que l’on trouve dans le magazine Citizen K. Etant photographe à mes heures et ayant grandi avec un père photographe lui-même, je suis très sensible à l’image et j’ai besoin d’être littéralement choquée, interpellée par une photo pour qu’elle me plaise même si c’est parfois à contre-coup. J’ai besoin de ressentir les choses, je fonctionne de manière très émotionnelle à partir d’une sensation puis après seulement vient la technique.
Ma dernière source d’inspiration n’est pas des moindres puisque c’est la haute-couture avec des créateurs comme Jean-Paul Gaultier, Karl Lagerfeld et John Galliano. D’un côté, j’apprécie particulièrement la rigueur voire l’austérité des créations de Lagerfeld et j’aime le jeu avec les symboles religieux et le mysticisme. D’un autre côté, j’apprécie autant tout ce qui s’éloigne de l’austérité, la surabondance de Galliano par exemple. Je trouve que c’est le mélange des deux qui constitue l’avant-gardisme.
BS : Au bout de cinq mois, quel est le bilan que tu peux d’ores et déjà tirer de ton activité ?
M : Je suis particulièrement satisfaite parce que le bouche-à-oreille fonctionne bien et que le magasin est en pleine évolution : j’ai de nouveaux clients chaque jour et le chiffre d’affaires a triplé depuis l’ouverture… Sur un plan plus personnel, les recettes me permettent de faire fonctionner la boutique mais pas encore de vivre décemment .
BS : Comment le style Maj 3 a-t’il évolué ?
M: Je ne ressens pas vraiment l’évolution moi-même, très souvent les clients sont les premiers à me le faire remarquer. Mais je sens que je développe ma propre griffe en optant pour certains choix. Je travaille presque toujours avec des empiècements de dentelle pour créer la transparence. j’aime juxtaposer une matière dure avec de la dentelle et je crois que l’agressivité ne rime pas avec vulgarité pour autant. Mes créations correspondent à un style « gothic chic », j’insère toujours une touche de métal argent, j’insiste sur la touche argent ! J’utilise très souvent des clous. J’aime enfin jouer avec les tissus en les lacérant pour leur donner un côté destroy prononcé. Mes couleurs de base sont le noir, le rouge et le blanc. Il m’arrive fréquemment de travailler sur le violet et le bleu roi mais ces couleurs me lassent facilement. Pour les matières, j’affectionne surtout la dentelle, le satin et les matières brutes comme le jean.
BS : Quels sont tes projets pour Maj 3 ?
M : Je prévois de déménager dans trois ans pour ouvrir une boutique plus grande à Clermont-Ferrand dans laquelle je pourrais introduire des articles de décoration pour la maison. Mon objectif principal d’ici là est de réussir à vivre de mes créations.
BS : Le mot de la fin t’appartient …
M : Maj 3 est une marque/boutique qui se positionne en marge du prêt-à-porter et qui veut donner aux citadins la possibilité de porter des vêtements originaux créés pour eux sans se soucier des regards ou des conventions. J’aimerais révolutionner la rue et faire comprendre aux gens qu’il existe autre chose que le classicisme passe-partout pour se sentir bien. Je compte conserver ma politique de prix parce que je veux que les gens continuent de céder à des achats coup de coeur et qu’ils prennent autant de plaisir à porter les vêtements qu’ils achètent que j’en ai à les confectionner !
Pour vous, une photo de présentation de l’univers Maj3 création qu’il est extrêmement difficile de résumer étant donné que Marlène vend chaque mercredi des nouveautés allant de la lingerie aux accessoires. Un seul conseil : n’hésitez pas à visiter son myspace à l’adresse suivante : www.myspace.com/maj3creation ou à vous déplacer dans son magasin au 7 rue Boirot à Clermont-Ferrand ouvert du mardi au samedi de 13 à 19h.
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